L’importance de la fortification permanente sera démontrée lors de la bataille de Verdun.
En réalité, la plupart des ouvrages défendus avec acharnement vont durer, parfois au-delà de toute espérance.
Les fortifications n’ont pas été épargnées par les bombardements de l’ennemi.
Même si les obus de 210 mm ne sont pas renforcés en maçonnerie, ils peuvent causer des dégâts importants et rendre l’occupation des locaux difficile.
Dans les ouvrages modernisés, les bétonnages sont habituellement résistants aux obus de calibre 305-380 mm, ce qui entraîne au pire un fléchissement de la voûte.
Toutefois, en raison des impacts des obus de 420 mm, les bétonnages en béton armé commencent systématiquement à couler en dessous d’une épaisseur de 1,60 m.
Il est préférable d’utiliser du béton spécial, plus épais, pour une résistance accrue, surtout s’il repose sur une base de sable au-dessus d’une voûte en maçonnerie.
La force des impacts de ces obus de grande taille est telle que les vibrations, le bruit, le souffle et les gaz émis par l’explosion compliquent grandement la vie à l’intérieur des fortifications.
Les nouveaux obus asphyxiants, bien qu’ils ne causent pas de dommages matériels, paralysent tout de même l’utilisation des fortifications non préparées à ce type d’attaque.
Cependant, les tourelles d’artillerie ont su faire face avec succès aux violents bombardements.
Les obus de très gros calibre ne causeront aucune destruction, même si certaines ont dû subir des réparations rapides avant d’être à nouveau opérationnelles.
Pour pallier ces différents problèmes que subissent les ouvrages, le Service des forts, nouvellement créé, va être chargé, à partir de mars 1916, de réarmer ces ouvrages délaissés et de les améliorer pour les utiliser dans toutes les situations.
Les travaux effectués dans ces ouvrages, en particulier à Verdun, seront appelés travaux de 17. Leur rôle est de préfigurer les plans et les principes de la ligne Maginot élaborée pendant l’entre-deux-guerres.
Les ouvrages de la frontière du Nord-Est seront principalement améliorés pour les forts Séré de Rivières.
Cependant, seules la place de Verdun, le rideau défensif des Hauts de Meuse et quelques ouvrages de la place forte de Belfort seront réellement impliqués dans la majorité des travaux.
Ces travaux consistent à :
· Réarmer les ouvrages en mitrailleuses ou fusils mitrailleurs.
· Rééquiper les casemates de Bourges avec leur armement d’origine.
· Les doter d’une garnison pouvant les défendre avec armes, munitions et matériel.
Créer des galeries de 17, spécialement conçues pour protéger les soldats des bombardements intenses et pour ravitailler les ouvrages à l’arrière en cas d’encerclement par l’ennemi.
Ériger une usine avec plusieurs groupes électrogènes pour garantir l’éclairage et la ventilation des galeries.
Mettre en place des chicanes avec des sacs de terre, des rondins ou de la maçonnerie à chaque entrée.
Avec des créneaux pour mitrailleuses et des goulottes lance-grenades, elles sont chargées d’empêcher l’ennemi d’entrer dans les galeries s’il parvient à investir les dessus de l’ouvrage.
Améliorer l’armement des casemates de flanquement des fossés en y ajoutant des mitrailleuses ou des canons de 37.
Mettre en place de nouveaux moyens de défense à l’avant des ouvrages et les connecter par des tentacules au réseau de galeries de 17.
Cela concerne les casemates Pamart des blockhaus de combat.
Concevoir de nouveaux observatoires en béton ou installer des observatoires en cuirassée dont les stocks sont disponibles depuis 1914.
Les travaux importants sont fréquemment effectués à l’abri des regards de l’ennemi, dans des zones parfois perturbées par l’artillerie et les combats.
La planification des travaux dits de 17 après la bataille de Verdun dans les places du nord-Est :
Les ouvrages de Verdun et des Hauts de Meuse comprennent :
Remplacement total des ouvrages par des mitrailleuses ou des fusils mitrailleurs.
Renouvellement du matériel des casemates de Bourges en utilisant les pièces d’origine et installation d’un canon de 37 dans les casemates de flanquement des fossés dans certains ouvrages de la place de Verdun.
Dans la plupart des ouvrages, il y a des chicanes, des galeries de 17 et des observatoires en béton.
Mise en place d’une usine électrique et d’un réservoir à gaz utilisés pour les attaques chimiques.
Mise en place de blockhaus en béton ou de cloches Pamart dans certains ouvrages pour assurer une défense rapprochée.
Installation d’observatoires en acier inoxydable dans certains ouvrages.
Installation de nouvelles batteries d’artillerie à l’extérieur des forts et reconstitution de quelques batteries d’artillerie de la place de Verdun.
Toul – Trouée de Charmes
Il y a une réorganisation des casemates de Bourges et des ouvrages, ce qui permet de ravitailler les forts en munitions, en vivres et en effectifs.
Amélioration des ouvrages en y ajoutant des mitrailleuses et des fusils mitrailleurs.
Mise en place de barrières en sacs de terre ou en rondins aux entrées des ouvrages, et installation de mitrailleuses sur des supports dans les casemates de flanquement des fossés.
Mise en place de nouvelles batteries d’artillerie et réarmement en utilisant des pièces provenant de certaines batteries d’artillerie de la place.
Pose de béton sur certains ouvrages pour la construction d’observatoires.
Epinal – Haute Moselle
Il arrive que les casemates de Bourges des ouvrages soient réarmées avec des pièces de 75 sur des affûts de campagne et des lisoirs en bois. Les forts sont ravitaillés en munitions, en vivres et en effectifs.
Mise en service de mitrailleuses et de fusils mitrailleurs pour réarmer les ouvrages.
Pose de barrières en sacs de terre ou en rondins le long des sorties des ouvrages, et installation de mitrailleuses sur des supports dans les casemates de flanquement des fossés,en complément des pièces de flanquement.
Désarmement des caponnières du secteur sud-ouest de la place (Girancourt-Bambois). On retire les pièces de flanquement afin qu’elles puissent être utilisées dans d’autres secteurs de la place. Elles sont ensuite remplacées par des mitrailleuses sur des supports dans ces caponnières.
Mise en place de nouvelles batteries d’artillerie et réarmement en incluant quelques pièces provenant des batteries d’artillerie situées sur la rive droite de la Moselle.