Depuis le Moyen Âge,
les fortifications sont bâties en maçonnerie de moellons et se transforment
en fonction des progrès de l’artillerie.
Néanmoins, à partir de 1833 et jusqu’en 1886, une nouvelle crise fragilise les fortifications Séré de Rivières
et toutes les fortifications construites en Europe à cette époque.
La crise connue sous le nom de « crise de l’obus torpille »
est le résultat de l’invention de nouveaux obus conçus pour paralyser ou détruire
ces ouvrages modernes.
L’obus à balle a été inventé en 1784. C’est le Lieutenant Henry Shrapnel de l’Artillerie Royale Britannique qui a mis au point cela. À cette époque, l’obus avait une forme sphérique, qui a été rapidement remplacée par la forme ogivale avec l’introduction de l’artillerie rayée. Cet obus est programmé pour exploser en l’air au-dessus d’une cible choisie lors de sa mise à feu. Il est employé contre l’infanterie ou contre les artilleurs qui utilisent les pièces d’artillerie à l’air libre. Après la guerre de 1870 et l’arrivée des pièces d’artillerie en acier, l’obus est formé d’une enveloppe qui doit être légère car c’est un poids mort. Elle est remplie avec un chargement constitué par des balles sphériques, en plomb durci à 10 % d’antimoine et par une charge d’éclatement en poudre noire (avant ou arrière), destinée à ouvrir le projectile pour permettre au chargement de se répandre à l’extérieur. Les premiers obus à balles de forme ogivale conçus étaient à charge avant. Ils étaient conçus enfonte pour servir aux canons de 120 et de 155. Cependant, ces obus seront rapidement négligés, car de nombreuses balles restaient collées entre elles dans le soufre après l’explosion .En 1883, un obus plus performant, doté d’une charge arrière, remplacera ces obus. Il est composé d’une enveloppe en acier où est insérée l’ogive et d’un chargement contenant 261 balles de 12 grammes en plomb durci à 10 % d’antimoine pour l’obus de 75. De la colophane est ajoutée à ces balles pour former un bloc compact et adhérent à la paroi. La colophane émet également une fumée épaisse lors de l’éclatement. La charge d’éclatement de 110 grammes de poudre F3 déclenche l’explosion de l’obus, créant un feu qui se propage de la fusée à la charge de poudre arrière. Celle-ci fait exploser l’ogive qui se détache. Le corps de l’obus demeure intact et agit comme un véritable petit canon qui pousse les balles à grande vitesse vers l’avant. Ces obus, considérés comme les plus fiables des obus à balles, sont conçus pour les canons de 65 et 75. 105. 120 et 155. L’obus à mitraille On utilise les obus à mitraille de la même manière que les obus à balles. Ils ont été mis au point après 1885. pour être destinés aux pièces de 80, 90. 95, 120 et 155.Ces projectiles sont constitués d’une enveloppe restreinte au strict minimum. Lorsque la charge explose, la masse de l’obus se fragmente en éclats. L’obus est formé de galettes de fonte, disposées à la meule sur les 2 côtés, placées sur un culot en acier, et surmontées d’une grenade en fonte pour recevoir la charge explosive. Sur la partie inférieure de la grenade, les deux côtés de chaque galette et la partie supérieure du culot se trouvent des alvéoles demi-sphériques contenant des balles (modèle 1887). Les galettes sont évidées pour préparer la fragmentation. Les vides sont remplis de charbon de bois en poudre fine, ce qui crée, lors de l’explosion, un nuage qui peut renforcer celui créé par la charge explosive. Afin de faire face à ces deux types d’obus, il est nécessaire de regrouper les pièces d’artillerie lourdes dans les intervalles et de placer les pièces d’artillerie des fortifications sous les tourelles cuirassées ou sous les casemates bétonnées. Le coton-poudre gélatinisé ou poudre B. Les poudres B, également connues sous le nom de poudres colloïdales, sont de nouvelles poudres explosives à base de nitrocellulose, développées en 1884. par l’ingénieur qui dirige le laboratoire central des poudres et salpêtres à Paris. Elles servent de charges propulsives pour les obus, car elles ont une combustion complète sans résidus, ce qui empêche tout encrassement ou fumée. Cela empêche les artilleurs d’être encombrés par la fumée après le tir, et cela rend les pièces d’artillerie plus difficiles à repérer aux yeux de l’ennemi. La manipulation de cette poudre ne présente aucun danger, car elle se fait à l’air libre. Elle brûle lentement. Elle ne se déclenche que lorsqu’il y a une pression assez forte. Sa vitesse de combustion régulière et ajustable la rend adaptée aux utilisations balistiques dans de nombreux modèles de bouches à feu, et sa force de propulsion est trois fois plus puissante que celle d’une arme classique celle qui contient des poudres noires. Les armes portatives (fusils) pourront également se servir de cette poudre.
À partir de 1871, on tente de remplacer la poudre noire dans les obus, mais aucun explosif ne peut garantir la puissance et la stabilité. Ce n’est qu’en 1881 qu’un chimiste a trouvé une solution. Eugène Turpin fait la découverte de deux explosifs destinés à remplir les projectiles, connus sous le nom d’« explosifs brisants ».Le premier est examiné en se basant sur un obus allemand inventé en 1880, chargé d’Helhoffite. Ce projectile renferme un liquide, le lacide nitrique, qui se transforme en explosif lorsqu’il est mélangé à du carbure d’hydrogène nitré. Au départ, le mélange est effectué dans l’obus, donc il n’y a pas besoin de détonateur car l’explosion se produit lors de l’impact. Ce projectile a été expérimenté sur des fortifications allemandes et il a été très efficace sur les maçonneries. Dans la version française, il y a deux liquides : le protoxyde d’azote et le nitrobenzène. Eugène Turpin la nommera ‘panclastite’ et obtiendra des résultats satisfaisants sans résoudre le problème de chargement des obus qui était difficile. L’acide picrique ou le trinitrophénol est le deuxième explosif utilisé pour colorer les jouets en caoutchouc qu’il fabriquait. Ce composé chimique découvert par Peter Woulfe en 1771 est un excellent colorant qui produit une violente explosion s’il est chauffé à plus de 300° Lacide picrique est peu sensible aux chocs, pour la placer dans un obus, Eugène Turpin va la rendre plus stable en la recristallisant après fusion, en faisant fondre l’acide à 122° sans risquer qu’elle explose. Selon Eugène Turpin, le terme « mélinite » aurait été substitué par celui d’acide picrique. Afin de dissimuler la nature de l’explosif qui allait être utilisé par l’Administration de la Guerre, et en raison d’une certaine ressemblance avec le miel (en grec).méli. En latin, mel) est le terme utilisé pour désigner l’acide picrique jaune sous forme de poudre. Le coefficient de travail de la mélinite est deux fois plus puissant que celui de la poudre noire de mine forte lorsqu’elle est exposée, ce qui en fait un grand avantage. D’après son inventeur, c’est un explosif qui n’explose pas, ou à peu près : un explosif très stable, très dur à la détente. qu’on peut mettre dans les obus sans risquer de les voir éclater dans le canon même, au départ, comme cela a eu lieu avec la dynamite ou la nitroglycérine Seulement, pour pouvoir utiliser cet acide picrique fondu,il fallait introduire un détonateur intermédiaire Il a fallu patienter jusqu’en 1884 et des essais infructueux avec des détonateurs à base de poudre noire pour découvrir un détonateur développé après le brevet d’Eugène Turpin à base de fulminate de Mercure. Le déclenchement du détonateur était produit par le choc de l impact du projectile, qui provoquait l’écrasement d’une capsule de fulminate produisant une détonation qui se transmettait d’abord à une pincée d’acide picrique en poudre plus sensible qui faisait ensuite réagir l acide picrique fondu En intercalant une traînée de poudre noire avant la capsule de fulminante, il était envisageable de retarder légèrement l’éclatement de l’obus. De cette manière, on obtenait une fusée à retardement que l’on plaçait sur des projectiles destinés à atteindre les abris des fortifications sous l’épaisse couche de terre. En réalité, la notion du double détonateur a été extrêmement fructueuse; Elle a autorisé l’utilisation d’explosifs extrêmement puissants par l’artillerie, tout en étant très peu sensibles. Elle a ensuite encouragé l’utilisation d’autres explosifs tels que les nitrotoluènes, les nitrobenzènes et les nitrophtalènes. etc., Autrement, il était impossible de tirer parti de cela. Le détonateur joue donc un rôle crucial dans l’utilisation des explosifs. Il est un intermédiaire plus sensible que l’on envoie par la chaleur ou le choc, et qui, à son tour, envoie l’explosif dont on a le contrôle
L’obus cylindro-ogival ou obus torpille Cet obus était à l’origine de l’apparition de l’artillerie rayée. À cette époque, on a envisagé d’utiliser la grande capacité offerte par les obus cylindriques. Pour les envelopper de poudre intérieure, afin qu’ils puissent jouer le rôle de véritables fourneaux de mine lancés à grande distance. Pour commencer, on ne parvient qu’à placer de très faibles quantités de poudre, car en les augmentant, on provoquait des éclatements prématurés des projectiles dans l’âme même de la pièce. En France, on étudiait le moyen d’éviter ces accidents en employant la poudre sous une forme spéciale soit comprimée, soit agglutinée, quand on apprit que les Allemands et les Américains avaient réussi à charger leurs projectiles en fulmicoton. Nous avons immédiatement commencé à chercher de ce côté. Peu de temps après, après avoir découvert Eugène Turpin. Un obus chargé avec un explosif a été adopté par l’armée. brisant la mélinite. C’est en 1886 que cet obus à grande capacité a été mis au point. Il est conçu en acier au lieu de fonte dure, car ce métal permettait de réduire au maximum l’épaisseur des parois dans les différentes sections de l’obus. La quantité d’explosifs augmente considérablement lors de la coupe longitudinale du profil. Par comparaison, Un obus pesant 40 kg de fonte contient 1,4 kg de poudre noire, tandis qu’un obus pesant 165 kg d’acier contient 10,3 kg de mélinite. Ce type d’obus est désigné sous le nom d’obus torpille, car son principe de fonctionnement était similaire à celui des torpilles dans la marine. Il sera expérimenté lors des essais de tir au fort de la Malmasson en 1886. Il mettra en évidence l’obsolescence des fortifications construites en maçonnerie de moellons et leur nécessité de les renforcer avec du béton. En 1885, la France a adopté le mortier de 270 mm dans sa lutte contre les calibres de plus en plus importants des pièces d’artillerie. modèle 1884. capable de lancer des obus pesant 120kg